Pommes de terre sous carton, paillis et compost
Voici une technique qui m'intriguait depuis un certain temps, et que je me suis fait une joie de tester l'année passée.
Je suis bien trop paresseuse pour labourer une nouvelle parcelle destinée à une future ( et hypothétique vu mon expérience nulle en la matière ) récolte de pommes de terre. Sans parler du fait de devoir par la suite les buter, pour finir par les arracher à la sueur de mon front. Pffff... Comme d'habitude, rien que d'y penser, je suis déjà fatiguée.
Par conséquent, cette méthode-ci, qui consiste à disposer les plants de pommes de terre sur du carton à même le sol et les buter régulièrement avec du compost et ou de la paille ( ou foin, ou tontes de gazon ...), est faite pour moi. Pas besoin de bêcher ou retourner le sol au motoculteur ( chose que je n'ai pas et n'aurai probablement jamais ). Cela relève tout autant du bricolage de première primaire que du jardinage, ça me convient donc très bien.
Au pire, ma terre étant argileuse, la première année, la récolte aurait été nulle, auquel cas cela m'aurait de toute façon permis de préparer une nouvelle parcelle de culture pour l'automne prochain. Le bilan de l'expérience n'aurait donc pas été totalement vain. Et au cas où j'aurais eu la chance d'obtenir cette année quelques pommes de terre, je n'aurais eu qu'à écarter le paillis pour les récolter sans trop d'efforts. Quoi qu'il en soit, d'autres avaient expérimenté cette technique avec succès avant moi.
J'ai choisi de tester la culture de quelques plants avec du compost et du foin, et le reste avec du compost uniquement, ayant appris au fil de mes lectures que cette dernière option offrait de meilleures chances de réussites ( cf " Le potager anti-crise : Manger sain en dépendant peu ", de Rodolphe Grosléziat ).
Ne disposant pas ( encore ) de compost issu de ma propre production, j'ai utilisé de l'amendement organique du sol ( ce que nos amis français appellent terre végétale ? ) vendu en sacs dans certaines jardineries.
Voici donc la méthode en images :
Comme pour le potager en lasagne, on commence par disposer du carton ( carton brun, sans collants ni inscriptions, admis en jardinage biologique ) au sol ( sur la pelouse tondue au préalable comme dans mon cas, ou sur la terre du potager ). On l'arrose copieusement et on y pratique des entailles à l'aide d'un cutter, espacées les unes des autres de la valeur d'un pied ( pointure 38... !!! ).
Ensuite, on dépose dans chaque entaille une bonne poignée de compost. On dépose par dessus un plant de pomme de terre, en veillant à les manipuler délicatement pour ne pas endommager les germes ( ceux-ci doivent être disposés vers le haut ! ).
On rabat légèrement les bords de l'entaille pratiquée dans le carton, et on recouvre chaque plant d'une poignée de compost.
Il ne reste plus qu'à recouvrir d'au moins 10 cm de compost ( ou moitié compost et moitié paille ou foin ). Il faudra par la suite rajouter régulièrement du compost ou du paillis en cours de culture pour butter les pommes de terre. ( Ne pas omettre cette étape sous peine de se retrouver avec une récolte médiocre, de pommes de terre vertes de surcroît, donc inutilisables ). Par précaution, ayant pris le risque de planter début avril, avant les saints de glace, j'ai utilisé un voile d'hivernage pour protéger les plants des dernières gelées.
Bilan de l'opération :
Malgré le voile de forçage, les plants ont été un peu abîmés par le gel, pour reprendre vigueur par la suite. Comme attendu, vu la caractère argileux de la terre et le fait que ce soit la première année de mise en culture de la parcelle, la récolte n'a pas été mémorable, mais nous a tout de même permis d'avoir des pommes de terre primeurs pour quelques repas ( environ 4 pommes de terre par plant, mais de petite taille ).
Même si la récolte de cette première année n'a pas été extraordinaire, cela m'aura effectivement permis,tout en joignant l'utile à agréable, de mettre aisément en place cette nouvelle plate-bande, de façon à pouvoir en disposer une fois les pommes de terres arrachées pour de nouvelles cultures, à savoir des poireaux d'hiver, des choux et des salades.
Je n'ai pas noté de différence majeure entre le compost et le paillis composé de foin, même si ne toute logique le premier devrait donner des rendements supérieurs au second.
L'exceptionnel rapport coût/bénéfice en terme de travail fourni ne peut en tout cas que m'encourager à tester ceci sur une parcelle mise en culture depuis quelques années, pour avoir une idée plus précise du rendement auquel cette technique peut prétendre...
Note :
- Ne jamais juxtaposer une culture de pommes de terre à côté d'une culture de tomates ( risque accru de contamination par le mildiou ! )
- On peut semer du lin ( fleurs bleues ) en bordure de culture pour se prémunir contre les doryphores, principal ravageur des pommes de terre
- On peut aussi planter des pommes dans un potager en lasagne, et ce avec succès semble-t-il, mais je n'ai jamais testé ( vu le manque de matièrespremières, je réserve cette technique pour les autres nouvelles planches du potager )
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