Le principe du potager en carrés
Voici un aperçu " avant-après " du premier potager en carrés mis en culture dans mon jardin ( avec la technique du potager en lasagne ).
Le principe du potager en carrés est inspiré des carrés de potager surélevés cultivés par les moines dans les jardins médiévaux. Il a été adapté par l'américain Mel Bartholomew pour notre époque contemporaine.
Il repose sur la variété des cultures plutôt que sur la quantité. Il s'agit de faire coexister de petites quantités de légumes de façon à ce que les récoltes soient très diversifiées. Il n'est pas question ici de faire des conserves pour l'hiver, mais bien de pouvoir à loisirs aller grapiller de quoi faire une petite salade ou une ratatouille pour le dîner.
Cette méthode nécessite un investissement minimal de la part du jardinier, aussi bien sur le plan financier qu'en termes de temps.
La mise en place mise à part, l'entretien se compte plutôt en minutes qu'en heures de travail. C'est facile, ludique, et cela nécessite assez peu de connaissances au préalable. Il y a peu de ratés, et s'il y en a, ils sont plus faciles à accepter étant donné le peu de temps et d'argent investi.
En outre, cela peut s'intégrer harmonieusement dans un jardin d'agrément, pour peu que l'on se donne la peine de choisir des légumes possédant des qualités décoratives ( bettes à carde colorées, haricots d'Espagne aux fleurs rouges... ). Il est également d'usage d'y intercaler des fleurs et des herbes aromatiques, qui en plus diversifier la palette de goûts, de couleurs et d'odeurs, atireront les insectes pollinisateurs, mais aussi rempliront pour certaines un rôle de protection contre les ravageurs. Par exemple, les tagètes qui protègent les pieds de tomates contre les nématodes du sol.
En pratique, cela consiste à travailler sur des carrés de cultures dont les dimensions peuvent varier de 1m20 à 1m40 de côté. Ce choix est particulièrement important, car il est conditionné par la longueur du bras du jardinier, qui doit pouvoir atteindre le centre de chaque carré sans y entrer ! En effet, dans ce type de culture, on veille à ne jamais marcher sur le sol pour ne pas le tasser. Donc, si comme moi vous mesurez 1m60 les bras levés ( je rigole, enfin presque... ), soyez pragmatiques et contentez-vous d'1m20, ce sera plus raisonnable et largement suffisant.
Ces carrés de culture, qu'ils soient surélevés ou non (c'est plus ergonomique mais plus long à mettre en place ) doivent être remplis d'un bon substrat de culture, une bonne terre de jardin ( terre arable ) mélangée si nécessaire avec du compost et/ou du terreau ( ne pas utiliser du terreau seul car son pouvoir de rétention d'eau est moindre ). Si comme moi vous ne disposez que de terre de remblais de mauvaise qualité ( ou pas de terre du tout, mais une cour en béton par exemple ), vous pouvez heureusement aussi envisager de vous tourner vers la technique du potager en lasagnes, détaillée ici.
Chaque parcelle est divisée en autant de carrés de minimum 30 cm de côté, qui pourront chacun accueillir une variété de légumes en quantités déterminées. Cela peut varier de 9 à 16 carrés au total. On peut en matérialiser les limites avec des tuteurs en bambous simplement posés et entrecroisés à même le sol au moment des semis et plantations. Il n'est pas nécessaire de les laisser en place par la suite.
Pour le choix des légumes, on commence par des spécimens généreux et faciles à vivre ( pour ceux disponibles en plants, c'est encore mieux ). On les mélange, en veillant toutefois à respecter le plus possible les règles du compagnonnage ( associations entre les légumes à favoriser ou au contraire à éviter ). Dans l'exemple ci-dessous, tomates, salades, courgettes et choux raves ont coexisté sans problèmes. Les haricots en train de lever ont ensuite été déplacés car ils risquaient de l'ombre aux tomates.
Il vaut mieux éviter les légumes trop envahissants. Pour ceux-la, on peut choisir une forme palissée lorsque c'est possible, à disposer sur la face nord ou au milieu du carré pour éviter de faire trop d'ombre aux autres légumes ( pois et haricots à rames ). On peut aussi les cantonner près des bords du carré pour certains envahisseurs comme les courges ( il est possible pour certaines, comme les courgettes ou les pâtissons, de les tuteurer ). Enfin, lorsque tout ceci est impossible, on peut tout simplement leur attribuer à chacun un carré de culture spécifique ( potirons, pommes de terre, ... ).
Dès qu'une culture se termine, une autre lui succède. Il est fortement conseillé de pailler la surface du sol. Cela permet de diminuer les besoins en eau, de limiter la pousse des herbes indésirables, et d'apporter de la matière organique qui sera assimilée au fur et à mesure de sa dégradation à la surface du sol. Le paillis le plus aisément disponible lorsqu'on vit à la campagne et qu'on dispose d'une pelouse, ce sont bien sûr les déchets tontes qui pourront être utilisés tout au long de la saison, répandus en fine couche au pied des plantes. On peut aussi pailler avec les résidus de culture ( exempts de maladie ) et grossièrement broyés. C'est un principe de permaculture qui part de l'hypothèse que cela permet de restituer à la terre une partie de ce qui lui a été nécessaire pour la production des légumes en question.
Chaque parcelle de potager peut être délimitée par divers matériaux, tels que planches de bois non traitées et assemblées ( à acheter tout fait à moins d'être un peu bricolo ), plessis, ou encore option plus simple à mettre en oeuvre et économique ( bien que moins esthétique ), du grillage à mailles fines arrimé à des piquets plantés dans le sol et garni ou non de film géotextile. Mais il doit être tout à fait possible de s'en passer.
Une fois les carrés et le substrat de culture installé, plus besoin de sortir tout l'arsenal de la cabane à outils. Un arrosoir, un ou deux outils " à main " ( très simples et ludiques à utiliser pour les nains de jardin comme moi ), et vous voilà prêts pour jardiner.
Par contre, sachez que si vous choisissez cette technique, votre potager ne pourra pas vous servir d'excuse pour prétendre que de dures journées de labeur vous y ont épuisé(e). Vous passerez probablement plus de temps à y réfléchir et à l'observer qu'à vous y échiner.
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